Il était tard. Caleb ne s’était pas rendu compte des longues heures passées à traîner de bar en bar. Il ne cessait de repenser au baiser qu’il avait volé à Anna et s’en mordait les doigts. Elle l’avait rejeté, lui hurlant à pleins poumons de partir sur-le-champ. C’était évidemment ce qu’il avait fait. Sans insister, il l’avait regardée une dernière fois avant de sortir de l’hôpital. Il avait considéré les chaudes larmes qui roulaient sans retenue le long de ses joues, mais ce qui l’avait le plus frappé, c’était cette profonde colère installée dans le fond de ses yeux, assombrissant diaboliquement ses pupilles si claires et brillantes de vie. Caleb ferma les paupières tout en avalant la dernière lampée d’alcool qui lui maintenait jusqu’ici la tête hors de l’eau. Le jeune homme avait parfaitement conscience de la difficulté à surmonter la méfiance d’Anna, mais il ne pouvait plus attendre. Il était assez resté en retrait, et ce, depuis de longues années. Cependant, il savait aussi qu’il ne pourrait la forcer davantage à l’aimer à nouveau. Anna semblait si froide, si lointaine à présent. Il ne pouvait pas tout bonnement la coincer contre un mur et lui demander de l’aimer comme autrefois, si ce n’était plus. Non, il ne pouvait pas. En l’embrassant, il avait pris conscience que son geste était précipité, qu’elle n’était pas prête à faire un pas en avant ni même à songer à cette possibilité, mais il en avait tellement eu envie. Un petit cri de frustration s’arracha de sa gorge. Il regarda autour de lui et se rendit compte qu’il n’était plus que le seul client en train de se bourrer la gueule dans ce bar infâme des bas quartiers de Seattle. Il hésita un instant à demander au propriétaire des lieux de lui servir un dernier scotch, mais il n’en fit rien, remarquant l’impatience de ce dernier à ce qu’il quitte l’établissement pour le fermer. Poussant un long soupir de lassitude, Caleb se leva du tabouret. Il dut s’appuyer un instant sur le comptoir pour retrouver un semblant d’équilibre. Lorsqu’il fut certain d’être stabilisé, il jeta une liasse de billets devant l’homme qui fronçait les sourcils. - Vous en tenez une bonne, m’sieur ! Je vous appelle un taxi. - Non… refusa Caleb en passant une main sur son visage. Ça va aller, je vais marcher. L’homme leva un sourcil et esquissa un sourire moqueur à la vue de la démarche bancale et hésitante de son client. - Vous n’avez pas loin à aller, j’espère ? Parce que je ne vous donne pas cinq minutes avant que vous vous cassiez la gueule. Caleb s’arrêta et se tourna vers le patron du bar. Il avait bien remarqué qu’il se fichait de lui, mais il s’en moquait éperdument. Il pouvait bien penser ce qu’il voulait ! - Vous… n’inquiétez… pas. Bonne nuit, le salua-t-il en levant péniblement une main. L’homme secoua la tête et observa Caleb qui avançait en titubant vers la sortie. Il le suivit et le salua à nouveau avant de fermer la porte de son établissement. À l’extérieur, Caleb inspira profondément l’air vif du mois de novembre. Heureusement, il ne pleuvait pas, mais les températures étaient déjà bien négatives. Un long frisson le parcourut entièrement et il enfonça les mains dans le fond de ses poches tout en avançant péniblement vers son véhicule, garé à quelques mètres de l’endroit où il avait passé plus de temps que prévu. D’ailleurs, il n’avait pas décidé de traîner dans chaque bar du coin à boire plus que de raison, mais il se sentait si perdu au milieu des contradictions qu’Anna lui envoyait qu’il ne savait plus tirer au clair les pensées qui le hantaient. Lorsqu’elle l’avait rejeté si violemment, il avait hésité à retourner voir son fils dans sa chambre, mais comme il savait qu’Anna avait besoin de se retrouver seule avec lui, il avait pris la voiture et avait roulé pendant quelques minutes avant de noyer son désarroi dans l’alcool. C’était stupide et complètement puéril, il en avait conscience à cette minute où la nausée envahissait sa gorge. Il proféra plusieurs jurons avant de décider d’appeler son garde du corps et chauffeur à l’occasion. Il serait irresponsable de prendre le volant dans cet état. Il peinait déjà à ouvrir sa portière ! Il s’installa sur le siège tout en grelottant et écrivit un texto à l’adresse de James. Il lui indiqua uniquement l’adresse où il devait venir le chercher et envoya le message. - Qu’est-ce que tu me fais faire, Anna ? marmonna-t-il en se tenant le crâne à deux mains. Il soupira longuement et laissa tomber son front contre le volant. Il ferma les paupières, cherchant à mettre ses idées au clair sans toutefois y parvenir. Très vite, la quantité impressionnante d’alcool ingurgitée eut raison de lui.
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Quelque chose l’attira. Ce n’était peut-être qu’une impression parmi tant d’autres, mais dans un coin de sa tête, Caleb ne put s’empêcher de se concentrer sur ce ressenti urgent qui venait de l’envelopper. Par le passé, il avait déjà, à plusieurs reprises, éprouvé ce besoin immédiat de faire quelque chose sans pour autant savoir ni comprendre de quoi il s’agissait. Sauf qu’il le comprit à la seconde même où il tourna la tête sur la droite. Son instinct ne l’avait pas trompé. À l’étage où se trouvait son bureau, toute la cloison qui assurait un brin d’intimité était en verre fumé. Ainsi, il avait une vue sur l’imposant hall d’accueil et pouvait voir aller et venir les personnes réclamant les services de sa société. Ce qui était une bonne chose, pensa-t-il, les yeux braqués vers le comptoir de la réception où une silhouette lui était plus que familière. Caleb l’aurait reconnue entre mille même si Anna avait été entourée d’une foule énorme en plein New York. Elle avait perdu du poids et portait un tailleur sombre. Elle était splendide. Tellement de choses se dégageaient d’elle. Il avait l’impression d’être attiré vers elle, comme aimanté, incapable de s’éloigner de son centre de gravité. Car elle l’était, c’était indéniable. Même après toutes ces années, l’attraction qu’il éprouvait en sa présence était restée intacte. Le besoin urgent de se rapprocher pour voir son visage était bien trop vital pour qu’il reste plus longtemps assis dans son fauteuil de cuir noir sans broncher d’un pouce. Il s’avança alors vers les grandes parois vitrées. Il avait besoin de la voir, de lire l’expression de chacun de ses traits, de retrouver la petite cicatrice sur son front, juste au-dessus de son sourcil gauche et d’apprécier la vue de ses petites fossettes creusées sur ses joues rougies lorsqu’elle lui souriait. Oui, il voulait retrouver toutes les petites sensations dont on l’avait privé jusque-là. Toutefois, il savait très bien que ce serait une très mauvaise idée de courir la retrouver à cette seconde. Elle ne devait pas savoir qu’il était le grand patron de cette société en plein essor, parce qu’il était persuadé qu’elle rebrousserait chemin et refuserait de travailler pour lui. Il avait un plan, et s’il voulait qu’il fonctionne à merveille, il devait faire vite. Alors il s’administra une claque mentale et reprit ses esprits. Vivement, il retourna à son bureau et prit le combiné du téléphone.
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