ExtraitsExtrait 1. Arrivée devant le lycée, mon esprit était toujours brouillé par ce qui venait de se passer avec Halek. C’était comme si quelque chose avait changé entre nous, mais je ne pouvais pas mettre exactement les mots sur ce que c’était… et cela me faisait peur. Je craignais fortement de perdre celui qui avait toujours été là pour moi, sacrifiant son existence pour me protéger, allant au-delà de tout afin que je sois heureuse. Je soupirai longuement, tentant vainement d’effacer les pensées de mon esprit quand je vis au loin, près de la porte d’entrée de l’établissement, une jeune fille qui attira mon attention. Elle semblait être de ma taille, c’est à peine si elle avait quelques centimètres de plus que moi. Ses longs cheveux étaient tirés en arrière, coiffés en une queue de cheval, et ses yeux… ils étaient baignés de larmes. Je m’avançai sans réfléchir davantage à ce que je faisais et, une fois à quelques mètres d’elle, je me stoppai. Elle leva la tête et me fixa avec de grands yeux verts – presque aussi verts que les miens. Mais dans son regard, je devinai parfaitement l’immense douleur qui la submergeait. Elle appréhendait également que je lui pose des questions sur son état. Alors, je repoussai l’idée et me concentrai sur les traits de son visage. J’entrai immédiatement dans ses pensées et une douleur aiguë vint me traverser tel un tsunami puissant à tel point que je me penchai vers l’avant, le visage tordu par les maux que j’éprouvais. Je me repris bien vite. Néanmoins, pas aussi rapidement que je l’aurais voulu car ma respiration resta haletante pendant quelques secondes. Je pestai, contrariée par les émotions que cette fille venait de me transmettre sans le vouloir. Jennifer Hage désirait mettre fin à ses jours. Cette décision était prise depuis un moment et elle s’apprêtait à le faire… aujourd’hui. Une sonnerie stridente me fit reprendre mes esprits. Une foule d’élèves passa à mon côté, me bousculant au passage, je les foudroyai du regard alors que je me rendais compte que Jennifer avait disparu. – Merde, sifflai-je, irritée. Je suivis les autres, saluant d’un hochement de tête le surveillant qui attendait que tous les élèves soient entrés pour fermer les portes. J’aurais dû suivre les personnes de ma classe que j’avais reconnues, mais je n’en fis rien. Je tournai sur ma droite et patientai jusqu’à ce que la voie fût libre derrière le muret de la cage d’escalier. Une fois le brouhaha des couloirs disparu, je sortis de ma cachette et me concentrai davantage pour retrouver la suicidaire. Pendant une minute de réflexion, je me demandai les raisons qui me poussaient à la retrouver. J’aurais dû me ficher royalement de ce qui allait se passer pour cette fille, mais quelque chose en moi me poussait à la retrouver le plus vite possible. Ce que je fis. Dans un brouillard quasi impénétrable, je remarquai son ombre, touchant pratiquement le soleil qui baignait la plateforme sur laquelle Jennifer se trouvait. Très vite, j’ouvris les yeux et me précipitai vers les marches. Elle était sur le toit. Vivement, je me ruai vers l’endroit et atteignis la porte. Lorsque je l’ouvris, la jeune fille se tourna vers moi. Elle possédait un regard effrayé. Je m’approchai immédiatement sans plus attendre. – Viens ici, c’est dangereux, lui dis-je en tendant la main vers elle. Elle secoua la tête, laissant une larme s’échapper de sa paupière. Debout sur la corniche mesurant à peine dix centimètres de large, elle resta immobile tandis que je piétinais le sol d’impatience. – S’il te plaît, ne fais pas ça. – Pourquoi ? Plus rien ne me retient dans ce monde… – Je sais, soufflai-je, comprenant mieux que personne les raisons de cette décision désespérée. – Tu sais ? bredouilla-t-elle, interloquée. Elle me fixa comme si l’envie de me tuer la saisissait. – Comment ça, tu sais ? Je ne te connais pas et… tu ne sais rien de moi. – Tu te trompes, rétorquai-je en avançant d’un pas. Oh, ne bouge pas. Tu devrais descendre de là, Jennifer. – Comment tu… – Ce n’est pas important. Ce qui compte, c’est que tu descendes, tu pourrais tomber et… – Mais c’est ce que je veux ! Je plissai les yeux, cherchant dans son esprit ce qui pouvait encore la retenir ici. Malheureusement, je ne vis rien qui puisse la convaincre. Cette fille était l’être le plus malheureux que j’aie jamais rencontré. – Tu sais… j’ai moi aussi perdu mes parents. Je vis avec mon oncle depuis toujours, et… ce n’est pas toujours facile, tu sais. Nous ne faisons que déménager un peu partout et… je n’ai jamais eu d’amie à qui me confier. Je m’interrompis, espérant que mes confessions l’aideraient à revenir sur sa décision. Je n’en étais pas très convaincue, mais je distinguai clairement l’hésitation et, surtout, l’incompréhension dans son regard. – Pourquoi me racontes-tu ça ? – Je ne sais pas, avouai-je en haussant les épaules. Mais, je voulais que tu saches que… même si aujourd’hui, tu te sens abandonnée de tous et que tu n’as pas le goût de continuer, rien ne dit que demain, tu ne pourrais pas faire une rencontre qui changerait ta vie. Un rire fusa. Je fronçai les sourcils, cherchant à savoir d’où il provenait, mais je ne vis rien. – Tu as entendu ça ? – Quoi ? demanda Jennifer, surprise. – Non, rien, mentis-je, perturbée. – Tu devrais retourner en cours. Comment t’appelles-tu ? – Jade. Je viens d’arriver et… – Tu ferais mieux d’aller en cours alors. Tu seras vite pointée du doigt par les professeurs si jamais tu sèches… – J’ai une bonne raison, ne t’inquiète pas. Ils comprendront. – Quoi ? Tu ne dois pas leur dire que… – Alors, tire-toi de cette corniche ! rétorquai-je sans quitter son regard, sachant à présent que le fait de savoir ce que penseraient les gens l’incommodait. Elle secoua la tête à nouveau. – S’il te plaît… approche-toi, nous discuterons un peu toutes les deux, insistai-je. Le temps me parut s’écouler plus lentement. J’attendis sa réponse, puis, tout à coup, le rire fusa à nouveau, plus fort et plus ténébreux. Je plissai les yeux, laissant mon esprit s’évader aux alentours afin de découvrir celui qui se moquait ouvertement de moi. Si je le tenais entre mes mains… – D’accord. La voix de Jennifer me fit perdre le fil. Je levai les yeux vers elle tandis qu’elle sautait enfin devant moi. Soulagée, je laissai un soupir s’échapper de mes lèvres avant de lui sourire. Je m’avançai alors d’un pas vers elle et posai mes mains sur ses épaules. Je me concentrai davantage sur ses yeux et, soulagée de parvenir si facilement à me fondre dans ma condition de vampire, je murmurai : – Ne bouge pas, je ne vais pas te faire de mal. Tu oublieras notre rencontre et aussi la décision que tu as prise. Tu profiteras de ta vie, qu’elle soit plus ou moins belle. Tu m’as comprise ? Elle hocha la tête sans rien dire. J’exultai. – Tends le bras, lui ordonnai-je. Elle le fit sans demander quoi que ce soit et je savourai intérieurement ma petite victoire. Et, tandis que je retenais péniblement le monstre en moi, je pris son poignet entre mes doigts et le portai à mes lèvres. Je levai les yeux vers son visage, espérant que son esprit ne se rebellerait pas à mon désir, et plantai mes dents dans sa chair. Je fermai les paupières totalement conquise par la délicieuse saveur du sang chaud et frais. Il me fit un bien fou. Je comptai mentalement jusqu’à cinq et desserrai les doigts autour de son poignet. La force que me prodiguait le sang humain coulant dans mes veines me rendit presque incapable de la relâcher, mais tant bien que mal, je retirai son bras de mon visage et m’essuyai les lèvres. Jennifer me fixait avec un demi-sourire. Je le lui rendis, étonnamment surprise de cette réaction. Habituellement, mes proies gardaient le regard vide, inexpressif jusqu’à ce que je les renvoie. Elle, elle était différente. Extrait 2 Le soleil s’était éclipsé, faisant place à des nuages bien plus sombres. Il allait pleuvoir, me semblait-il. Sur les ondes, la chanson du groupe Scorpions résonna à mes oreilles. Je repris mon footing tranquillement tout en me remémorant les péripéties de ces derniers jours. Le déménagement, l’arrivée d’une tante insoupçonnée, le journal de maman, et aussi le changement qui s’était opéré entre Halek et moi m’avaient bousculée bien plus que je ne l’aurais imaginé. J’étais perdue. Dans ma tête, tout était embrouillé et je ne savais comment régler tous ces combats tumultueux. Partir serait sans doute la meilleure des solutions, me dis-je en continuant de fouler le sol. De suite, je m’administrai une claque mentale. Je ne pouvais faire cela à Halek. Il avait toujours été là pour moi, et ce, depuis ma naissance, je ne pouvais décidément pas le remercier de cette façon, ce serait pitoyablement horrible pour lui — comme pour moi. Un sentiment de culpabilité s’immisça en moi. J’eus alors une pensée pour ma mère. Ma pauvre mère qui était convaincue que son unique amour aurait pris soin de sa propre chair. Je secouai la tête en serrant les mâchoires. Le seul fait d’y penser me submergea d’une vague de colère impitoyable. Je lui en voulais… profondément. À cet instant, je pris conscience que j’étais arrivée à la fin du parcours et je sortis du parc. Toujours à petites foulées, je me dirigeai sur la droite, ne sachant vraiment pas où aller, mais je m’en fichais. Je ressentais encore le besoin d’être seule avec mes pensées et mes réflexions. Les musiques s’enchaînaient sur la station. Je ne les écoutais pas vraiment, mon attention étant portée sur la solution que je devais trouver pour me sentir soulagée. Si je devais composer la liste de ce que j’avais à faire pour avoir l’esprit serein, elle serait longue… mais surtout complexe. * Un : Trouver mon père pour lui dire de vive voix ce que je pensais de lui. * Deux : Terminer de lire le journal de ma mère. * Trois : Remercier mes familles paternelle et maternelle pour m’avoir abandonnée, préférant croire aux débilités des Êtres de lumière. * Quatre : Comprendre ce qui se passait avec Halek — même si j’en avais une vague idée. * Cinq : Trouver Tara… Non, le numéro cinq n’était pas réellement obligatoire, mais je n’aurais su dire ce qui venait de me pousser à penser à cette femme. Elle avait dû oublier Léa après toutes ces années… et moi-même par la même occasion. Ho, et une sixième… * Six : Trouver qui se moquait ouvertement de moi lorsque j’étais en pleine réflexion. Énervée, je m’arrêtai et pris conscience de l’endroit où je me trouvais. Une ruelle sombre étonnamment effrayante. Je regardai autour de moi, tournant légèrement sur moi-même quand le rire fusa. Je serrai les poings avant de retirer mes écouteurs que je rangeai dans ma poche. Les mains sur les hanches, je me retournai encore pour inspecter les alentours. Encore ce rire et, cette fois, il me sembla plus près, beaucoup plus près. – Qui êtes-vous ? Je n’obtins aucune réponse. – Sale lâche ! aboyai-je, furieuse. Montre-toi ! Le rire fut alors plus intense, plus terrifiant. Je me mis à déglutir et je soufflai le prénom de mon protecteur. – Halek… Je secouai la tête, pestant intérieurement. Il ne pouvait m’entendre, je ne savais d’ailleurs pas où je me trouvais. Je commençais à prendre peur. L’impression d’être en danger se confirmait à chaque seconde où j’écoutais ce rire fuser encore et encore. – Allez vous faire foutre ! crachai-je dans l’intention de revenir sur mes pas. Ce que je serais parvenue à faire si trois jeunes hommes ne s’étaient pas avancés vers moi. Figée, je les fixai à tour de rôle. – Que fais-tu ici, beauté ? Je reculai lentement ; être seule dans une ruelle avec trois hommes saouls m’effrayait un peu. – Hé, ne t’en vas pas, magnifique, on pourrait avoir du plaisir, dit celui à ma droite, me faisant frissonner. Ils s’avancèrent lentement vers moi, me faisant reculer encore plus. Mon dos frappa quelque chose de dur et de froid et je pivotai pour voir un mur de briques crasseux. Je grognai, m’insultant mentalement de m’être aventurée dans une ruelle avec impasse. – Je dois… dois rentrer à la maison, bégayai-je. – Tu ne vas nulle part, chérie, ricana l’homme au centre. J’essayai de les éviter, mais je n’arrivais pas à les contourner, leurs grandes et larges carrures ne me permettant pas de partir. – Alors, ma jolie, on se promène seule ? Ce n’est pas très prudent, tu sais. Il pourrait t’arriver malheur... Une main vint encercler ma gorge. Soudain, je sentis la langue de l’homme caresser mon cou dénudé et une main descendre vers le bas de mon ventre. Je me sentis alors prise de nausées, les larmes me montant aux yeux. Je tentai de trouver une solution et, surtout, de me concentrer, j’en avais besoin pour affronter ces monstres. – J’espère pour toi que tu as de l’argent, sinon tu vas devoir me payer autrement. Pour toute réponse, un rire s’éleva. Ce rire… je plissai des yeux. – Qu’est-ce que tu as ? me demanda l’homme de gauche. – Vous… avez entendu ? Ils se jetèrent un regard incompréhensif. – On fait le coup, c’est une cinglée. Je compris enfin que cette moquerie m’était adressée. La colère gronda dans ma poitrine et, tandis que l’autre continuait à me lécher le cou, je me figeai, trouvant la force de les mettre au sol. D’un geste calculé, rapidement grâce à ma condition de vampire, je broyai la main qui entourait ma gorge et contournai vivement l’homme. Sous le choc, les deux autres me fixèrent avec de gros yeux tandis que je tenais leur ami à ma merci. J’entrouvris alors les lèvres, voulant les effrayer davantage, et le monstre en moi prit le dessus. Ma raison s’était éteinte, laissant place à l’appétit qui s’éveillait. Je plantai avec énergie mes dents dans sa carotide sous le regard écarquillé des soulards. Je ne lâchai pas ma proie, savourant le sang qui s’infiltrait avec soulagement dans ma gorge. Je me sentais revivre, comme si toutes mes cellules venaient de se multiplier pour se reformer ensemble. Je redoublai de force et d’énergie. Je lâchai enfin l’homme, inerte au sol, aux pieds de ses deux complices qui firent un pas en arrière. – On… on rigolait… balbutia le petit trapu. Je lui souris, amusée par la situation et la peur dans ses yeux. Je m’avançai vers lui et l’attrapai par son tee-shirt sale avant de l’envoyer dans les airs d’un coup de pied bien placé. Ce fut au moment même où le corps de ma seconde victime retombait lourdement au sol que le rire se fit entendre. Je me redressai, me mettant en position d’attaque. Le monstre en moi était bel et bien réveillé et je le laissai prendre les commandes sans aucun scrupule. J’étais sur le point de m’adresser au propriétaire de ce rire quand le dernier homme leva les mains en signe de reddition. – Je… suis désolé… – Cours vite avant que je ne t’arrache la tête, grognai-je.
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